« Contre l'alternumérisme » : se rendre à l'évidence et réfléchir
J'ai lu le livre « Contre l'alternumérisme » de Julia Laïnae et Nicolas Alep. Une centaine de pages que j’ai lu d’une traite en une soirée. Il n'est pas facile à trouver car il a été imprimé en peu d'exemplaires. C’est ma lecture du commentaire de texte de Hubert Guillaud d'InternetActu à son sujet qui m’a poussé à me le procurer. Ce livre écrit noir sur blanc ce que je commençais à penser depuis des mois. Vous trouverez dans cet article une courte critique du livre puis mes réflexions sur le sujet.
La lecture du livre
En ce qui concerne la forme, je ne l'ai pas tout à fait appréciée car je trouve que des raccourcis grossiers sont faits. On dirait que les auteurs ont pris le parti que leurs lecteurs sont déjà rattachés à leur cause et ne prennent pas le temps de détailler pourquoi ils jugent certains projets comme « mauvais ». Certains énoncés sont écrits sans plus de justification comme cet extrait : « Il est également avéré que l'informatique n'a pas fait disparaître le papier, qu'au contraire elle génère un besoin croissant d'impression, et donc de papier. » (p.6) dès l'introduction, sans sources.
Cet aspect mis de côté, je suis en revanche d'accord avec le fond du texte qui met en exergue les dérives sociales et environnementales du numérique. Socialement, les utopies des pionniers de l'Internet ne sont restées que des utopies. Le logiciel libre ou le design éthique ne sont que de vaines initiatives face à la tendance générale de cette technologie. Le numérique a un impact écologique néfaste par son immense consommation énergétique et la pollution générée par la fabrication des ordinateurs et téléphones portables. Les usages du numérique tendent à un contrôle des foules, à une société de surveillance, à une restriction des libertés individuelles avec notamment les applications de tracking ou « traçage » et les algorithmes de reconnaissance faciale.
Remise en question
Vient alors la question « que faire ? ». Question d’autant plus importante pour moi qui ai consacré mes études et ma vie professionnelle au numérique. J'ai pris plusieurs mois avant de publier cet article afin de laisser mûrir ma réflexion sur le sujet. J'étais prêt à ne plus travailler dans le numérique, voire même ne plus l'utiliser du tout dans la vie quotidienne (ce qui n'est pas gagné). Deux facteurs importants ont joué dans ma réflexion.
Premièrement, aujourd'hui, mes compétences sont limitées au numérique. Je m'intéresse à l'éco-construction dans le bâtiment à titre personnel mais je n'ai encore aucune compétence. J’ai envie de me tourner vers un nouveau métier plus manuel mais je n’ai pas encore pu déterminer pour quelle activité j’ai le plus d’affinité. C’est un monde qui m’est plutôt inconnu pour l’instant. Aujourd’hui je ne sais rien faire d’autre que du numérique.
Deuxièmement, les périodes de confinement dû à la COVID-19 ont montré l’aspect essentiel du numérique pour parer l’éloignement social et garder le contact. Sans les outils numériques de notre époque la situation aurait été bien plus insupportable à vivre pour beaucoup d’entre-nous. Même si ce n'est pas l'idéal, voir ses proches via vidéoconférence permet de conserver un lien.
Enfin, dans ma quête de sens, je comprends qu'il y a d'une part un monde « idéal » que l'on peut s'imaginer et d'autre part il y a notre monde aujourd'hui. À lire le livre « Contre l'alternumérisme », l'idéal pour la société serait de ne jamais avoir connu la technologie du tout. Cependant aujourd'hui, la technologie est déjà bien présente. Comment se comporterait notre société si on lui arrachait subitement cette part importante ? Je pense que le choc serait trop brutal et que la plupart des personnes auraient des difficultés à s'adapter à ce nouveau mode de vie coupé des habitudes ancrées.
Conclusion
En conclusion, ce livre m'a permis d'affronter mes propres pensées et m'a poussé à me positionner. La posture que j'ai choisie c'est d'être en paix avec moi-même et avec le monde actuel. La société est telle qu'elle est aujourd'hui avec ses qualités et ses défauts. Elle est le résultat d'années de civilisations, d'interactions complexes entre des milliards de personnes et de cultures différentes. De mon côté, je ne suis qu'un simple humain parmi une minorité à promouvoir des alternatives numériques plus éthiques. Grâce à mes compétences dans le numérique, je prends de la hauteur et j’essaye de faire en sorte qu’il existe des alternatives afin que le numérique n'ait pas seulement des effets néfastes ; aussi minime puise être le résultat. Le monde est complexe et je suis conscient de sa dérive globale. Je sais aussi que je ne suis pas sur-humain et je ne peux pas, seul, ou même avec un petit groupe de militants à la volonté inébranlable, changer radicalement cette tendance. Seul un phénomène systémique et durable pourrait avoir une influence suffisante.
En tant que professionnel qui cherche à promouvoir des pratiques numériques responsables, j'estime contribuer en conscience dans l’optique de faire le moindre mal dans notre société telle qu’elle est aujourd’hui.
Et vous, vous êtes-vous déjà posé des questions sur l'impact du numérique sur la société ?
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